HPI Le haut potentiel intellectuel

La notion de HPI fait débat chez les spécialistes et a évolué depuis quelques décennies. 

La définition de l’OMS, organisation mondiale de la santé, généralement retenue dans la littérature scientifique, précise que le HPI correspond à un quotient intellectuel (QI) d’au moins 130. Cela représente un peu plus de 2 % de la population.

Test de QI
Pour évaluer le quotient intellectuel, on passe des tests réalisés chez un neuropsychologue ou un psychologue.
Les plus fréquemment utilisés sont les tests de Wechsler : WPPSI de 2 ans et 7 mois à 7 ans et 7 mois, WISC de 6 ans à 16 ans et 10 mois et WAIS de 16 ans et 11 mois jusqu’à 70 ans. 

Ils évaluent certains domaines de l’efficience cognitive et comprennent l’évaluation de sub-tests, qui permettent de calculer des indices, puis d’en déduire le QI. Le QI n’est pas la somme algébrique des différents indices, mais un résultat composite de ces indices (dans le WISC 5, l’ICV et l’IRF pèsent environ pour 60% dans le calcul du QI total).

Le WISC 5 comprend 5 indices et 10 subtests :

– ICV, compréhension verbale (subtests : similitudes, vocabulaire),

– IVS, visuospatial (subtests : cubes, puzzles),

– IRF raisonnement fluide (subtests : matrices, balances),

– IMT mémoire de travail, (subtests : mémoire des chiffres, mémoire des images)

– IVT vitesse de traitement (subtests : code, symboles).

Un test de QI comprend différentes étapes :

– la passation du test, pendant lequel non seulement le psychologue note les résultats chiffrés, mais également ses observations du comportement de la personne évaluée,

– l’analyse du test par le professionnel, conformément aux procédures définies dans un manuel,

– la restitution, écrite (sous forme de bilan) et orale. Les différents résultats sont présentés au niveau des subtests, des indices et du QI, ainsi que l’analyse qui en est faite, avec la mise en évidence des points forts, des difficultés, ainsi que des recommandations de prise en charge ou d’aménagements si besoin.

Les subtests font appel à des fonctions cognitives qui ne sont pas indépendantes entre elles. Par exemple, l’attention, la mémoire court terme, le traitement séquentiel et l’endurance cognitive sont impliquées dans plusieurs subtests. Ce qui rend l’interprétation des résultats délicate et nécessite une solide formation et une grande expérience pour des cas complexes.

Dépistage de troubles

Un professionnel expérimenté pourra mettre en évidence des éléments tendant à évoquer des difficultés, par exemple des difficultés praxiques, attentionnelles, de l’impulsivité, voire des comportements évocateurs de troubles (TSA, troubles anxieux, …). 

Il sera nécessaire de réaliser des bilans complémentaires à vocation diagnostique auprès de professionnels ou équipes pluridisciplinaires spécialisées dans le ou les troubles pressentis, en veillant à réaliser des diagnostics différentiels.

Un test de QI ne permet en aucun cas de poser un diagnostic en dehors d’un trouble du développement intellectuel.
Cependant, il permet de dépister certains troubles, de mettre en évidence le profil cognitif et contribue à définir le besoin, la nature et l’intensité d’une prise en charge psychologique ou neuropsychologique (thérapie comportementale et cognitive, groupe d’habileté sociale, remédiation cognitive, …).

Nous recommandons, dans le cadre de l’association, de s’adresser à des neuropsychologues ou psychologues d’orientation comportementale, formés aux troubles du neurodéveloppement et qui suivent les recommandations de la Haute Autorité de Santé. En particulier, les professionnels d’orientation psychanalytique ne proposeront pas de prise en charge ayant une efficacité démontrée dans le cadre de l’autisme.

QI calculable – homogénéité et hétérogénéité 

Le QI est toujours calculable. Cependant, certains psychologues ne donnent pas cette information si l’homogénéité intra indices ou inter indices est importante. 

C’est un peu comme un élève qui aurait une très faible note en mathématiques et une très forte note en français : la moyenne est calculable, cependant, dire que c’est un élève « moyen » n’apporte que peu d’informations. C’est un élève qui a des difficultés importantes en mathématiques et de très bonnes performances en français. 

Statistiquement,  l’hétérogénéité est plus fréquente que l’homogénéité. Une hétérogénéité n’est pas systématiquement associée à un trouble. En outre, certaines personnes avec un QI homogène, y compris avec un HQI (QI supérieur à 130) ou un THQI (QI supérieur à 145), pourront avoir un trouble.

Validité des tests de QI

Si le QI des tests de Wechsler est robuste, stable dans le temps et qu’il est le mieux corrélé avec tous les apprentissages scolaires, dans certains cas il peut évoluer de façon significative entre plusieurs passations. En effet, les résultats des tests de QI correspondent à l’efficience cognitive le jour J, dans les conditions de passation du bilan. 

Si le QI est réputé stable dans le temps à conditions identiques, chez certaines personnes il peut dépendre de l’environnement (bruit, mouvements, odeurs, …), de la façon dont le professionnel se comporte  et présente les différents tests. L’état de fatigue, l’anxiété et d’autres causes psychologiques ou somatiques, peuvent également avoir un impact significatif sur les résultats. 

Des résultats d’un test de QI ne représentent en aucun cas le potentiel cognitif de la personne, mais ce qu’elle a pu réaliser dans les conditions de passation du moment.

Refaire un test de QI peut s’avérer pertinent, par exemple pour évaluer l’efficacité d’une prise en charge (orthoptie pour un trouble neurovisuel, remédiation cognitive, …), d’un traitement (cas du méthylphénidate pour le TDAH par exemple), ou suite à un rétablissement (dépression, troubles anxieux, troubles du sommeil, …).

Notre définition du HPI

Pour l’association, le HPI correspond à une efficience cognitive très supérieure à la moyenne. Cette efficience peut dépendre de certaines conditions environnementales et de l’état de la personne.

Boîte à clichés du HPI

La flokculture dans les médias, certains livres des séries télévisées ou des films, a contribué à populariser la notion de « haut potentiel intellectuel » – ou HPI – auprès du grand public. Ce phénomène s’est accompagné d’un certain nombre d’idées reçues, notamment celle que les enfants HPI sont en grande majorité en décrochage scolaire ou en souffrance psychologique ou bien encore qu’ils ont souvent un profil d’intellectuel au détriment d’un corps peu habile qui expliquerait leur maladresse. 

De même, chez les adultes, le HPI pourrait justifier des difficultés d’intégration, de relations avec les autres ou des difficultés à s’adapter au monde du travail. 

Le HPI correspondrait à un « fonctionnement » se caractérisant par des « symptômes », des comportements. 

L’image du « HPI » est souvent nourrie par des professionnels, psychologues, médecins, orthophonistes, qui n’ont pas reçu de formation à jour des dernières données connues sur les troubles du neurodéveloppement et qui attribuent au « HPI » des particularités qui relèvent d’autre chose. Erreur d’attribution causale.

Or au niveau scientifique, il a été mis en évidence qu’un très bon fonctionnement cognitif est protecteur d’un grand nombre de troubles (Ramus, 2022). Il est cependant possible de cumuler une excellente efficience cognitive et un trouble du neurodéveloppement ou tout autre trouble. 

Une très bonne efficience cognitive ne relève pas d’un fonctionnement qualitativement différent, mais quantitativement : excellente mémoire de travail, très bonne compréhension verbale, …

Au niveau des clichés les plus répendus, une « hypersensibilité » peut évoquer des difficultés sensorielles, qui pourront être mises en évidence par un bilan sensoriel (de type bilan sensoriel de Dunn ou de Bogdashina).

Une pensée en arborescence peut révéler des difficultés attentionnelles, qui devront être explorées pour vérifier si elles relèvent d’un trouble du neurodéveloppement (TDAH) ou d’autres causes (troubles du sommeil, anxiété, dépression, TOC, stress post traumatique notamment …).

Le sentiment d’injustice peut venir d’une rigidité mentale évocatrice d’un TSA.

L’échec scolaire peut être dû à un ennui, à un découragement, cependant, les causes sont avant tout à chercher au niveau d’éventuels troubles des apprentissages, de harcèlement, d’événements spécifiques.

S’arrêter au « HPI » quand des difficultés sont présentes, sans explorer les causes véritables, c’est risquer de ne pas trouver les solutions adaptées, et donc une perte de chance, un risque de souffrance inutile.