On parle souvent des fonctions exécutives, ou plutôt de dysfonctionnement exécutif, dans le cadre du TDAH. Mais elles sont aussi impactées par le TSA, les TND de manière générale, l’anxiété, la dépression, le manque de sommeil, le stress, etc. Ce sont des fonctions complexes de notre cerveau, qui pilotent un peu notre quotidien, et nécessitent donc beaucoup de ressources. C’est pourquoi elles sont très vite impactées, ne serait-ce que lorsqu’on est fatigué. Dans le cas d’un TSA ou d’autres TND, ces impacts sont durables.
Le rendez-vous oublié, tout ce bazar sur le bureau, jamais le bon cahier dans le cartable, les clés de voiture dans le frigo, le stress, la panique même, en cas de changement impromptu de planning ou d’itinéraire, la voiture qu’on ne retrouve plus dans un parking,… Tout ça, ce sont des problèmes de fonctions exécutives, et ils sont loin d’être les seuls ! Les répercussions en cas de troubles des fonctions exécutives sont nombreuses et diverses. (Heureusement, il existe plusieurs stratégies pour nous aider ! On en reparle à la fin de l’article pour les adhérents !)
Dans la littérature, on trouve souvent deux métaphores pour les représenter : le chef d’orchestre, qui dirige nos actions au quotidien, et le contrôleur aérien, qui fait le tri dans nos perceptions sensorielles. En réalité, ces deux personnages ne sont qu’une partie de nos fonctions exécutives ! En effet, les fonctions exécutives recouvrent ce tri dans les informations, au travers de la fonction inhibition et de nos capacités d’attention, ce contrôle de nos actions, grâce là encore à l’inhibition et au focus attentionnel, mais aussi nos capacités d’organisation et de planification et la mémoire de travail qui nous permet de manipuler des informations. Selon la ou les fonctions touchées par des dysfonctionnements, les répercussions peuvent donc être multiples et les stratégies de compensation doivent être adaptées à chacun.
Mais… Pourquoi est-ce que ça pose autant de problème dans le TSA avec HPI ?
Tout d’abord, le TSA est souvent accompagné d’autres troubles comme le TDAH, des troubles du langage ou de la coordination, des troubles anxio-dépressifs, des troubles du sommeil… Certains de ces troubles impactent directement les fonctions exécutives, quand d’autres nécessitent des capacités de compensation qui pompent notre énergie et gênent le fonctionnement exécutif. Et le dysfonctionnement exécutif entraîne à son tour des difficultés à réguler ses émotions et à les exprimer de manière appropriée.
Dans certains troubles comme le TSA, les aspects génétiques ont des répercussions sur l’architecture même du cerveau. Par exemple une hypothèse est que dans le cas du TSA, il existerait une surreprésentation des connexions de courte distance (au sein d’une même zone cérébrale), et une sous-représentation des connexions de plus longue distance (entre différentes zones du cerveau), ce qui induirait de plus fortes perceptions sensorielles dans certaines zones, mais une moins bonne communication entre les différentes zones du cerveau. Or cette communication entre différentes zones est importante pour nos fonctions exécutives !
De plus, la maturation du cerveau est un peu plus longue pour les enfants qui ont un TND et les apprentissages incidents ne fonctionnent pas pour ceux qui ont un TSA. Les allistes (non autistes) apprennent de manière incidente, c’est-à-dire inconsciemment, de façon un peu automatique, en fonction des opportunités que leur offrent leur contexte de vie. C’est différent dans le cas du TSA, l’apprentissage doit absolument être enseigné de manière explicite.
Et le HPI dans tout ça ? Alors en soi, on ne le dira jamais assez, le HPI ne pose pas de problème. Au contraire même, il confère de plus grandes capacités d’adaptation et de compensation. Et c’est justement là que le bât blesse, quand il est combiné au TSA ! En effet, les autistes peuvent se trouver en difficulté mais ne pas être en mesure de demander de l’aide pour différentes raisons. Ils vont donc chercher à s’adapter, à compenser etc. Et leurs capacités d’adaptation seront augmentées grâce au HPI, ce qui peut entraîner une invisibilisation du handicap, doublée d’une perception erronée : l’impression qu’il suffirait juste d’un peu de bonne volonté pour y arriver. Par ailleurs, le HPI est souvent accompagné d’une plus grande lucidité sur soi-même et ses difficultés, ce qui peut être source d’angoisse et d’anxiété de performance, en milieu scolaire ou professionnel, mais aussi par rapport aux tâches du quotidien.
Quelles sont les difficultés du quotidien, en lien avec les fonctions exécutives ? Voici quelques exemples, non exhaustifs, chez les personnes avec TSA et HPI
- des difficultés à s’organiser, tant sur le plan de la planification que sur le côté gestion du matériel, y compris pour des actions perçues à tort comme simples (s’habiller, se laver les mains…)
- une certaine rigidité cognitive, des difficultés à changer ses plans, à faire face aux imprévus, y compris dans un devoir scolaire ou une tâche professionnelle
- des problématiques de mémoire de travail, qui se traduisent par des difficultés à retenir les informations données à l’oral, à exécuter des consignes multiples…
- des difficultés exécutives qui conduisent à augmenter, chez les personnes qui ont une mauvaise régulation émotionnelle, le nombre de » crises », de « tempêtes émotionnelles », des crises dont l’origine est parfois difficile à cerner
- des moments de surcharge cognitive dus aux compensations des fonctions exécutives
Comment peut-on soutenir les fonctions exécutives ? Voici les pistes et orientation:
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